Article du Matin  Mars 2017  Extrait

… Quand l’on s’endort, et plus particulièrement pendant la phase de sommeil paradoxal, les muscles de la face et de la langue se relâchent, ce qui entraîne chez certains un rétrécissement important des voies respiratoires. Le diamètre nécessaire au passage de l’air n’étant plus suffisant, les tissus mous respiratoires (voile du palais et langue) vibrent, ce qui déclenche un ronflement. Si cette réduction du passage laissé à l’air se poursuit jusqu’à l’occlusion complète, la respiration se bloque, même si la personne a besoin de respirer.» Une absence de flux de ce type de plus de dix secondes est considérée comme une apnée.

  tout le monde peut être affecté. Le problème vient d’une sorte de «défaut de fabrication» lié à l’évolution, en particulier du changement anatomique qui a permis l’apparition du langage. Pour dépasser le stade du simple grognement de ses ancêtres, Homo sapiens a dû transformer la structure de son visage. Plus allongé, avec une mâchoire plus étroite, celui-ci a surtout vu la base de sa langue s’abaisser par rapport au reste des mammifères, ce qui lui a permis d’articuler des sons complexes. 

Des traitements plus ou moins contraignants

«Le traitement par pression positive continue (CPAP) est le plus courant et le plus efficace pour lutter contre les apnées du sommeil, explique Frédéric Lador, pneumologue référant du Centre de médecine du sommeil des HUG. Il s’agit d’une machine qui souffle de l’air, reliée à un masque par un tuyau souple, ce qui évite ainsi l’effondrement des voies respiratoires.» Ces appareils silencieux et munis de masques miniaturisés ne sont toutefois pas supportés par tout le monde.

… Autre technique utilisée surtout dans les cas peu sévères, le recours à une orthèse mandibulaire, sorte de gouttière qui évite l’affaissement de la mâchoire. Dans le cas d’apnées positionnelles, qui surviennent lorsqu’on dort sur le dos, un gilet peut être proposé. «Le dépistage, le diagnostic et une prise en charge dans un centre de médecine du sommeil sont donc importants pour déterminer le traitement, adapté à chaque patient, qui doit permettre de restaurer un sommeil de bonne qualité.»

Stress et micro-réveils

Que l’on soit un homme ou une femme, la principale conséquence de ces apnées est une fatigue pendant la journée. Chaque apnée provoque un stress de l’organisme et entraîne un micro-réveil. L’avantage est que ce réveil rétablit le tonus musculaire et permet ainsi de recommencer à respirer. Mais il nuit à la qualité du sommeil et à sa structure. Les personnes apnéiques n’atteignant presque jamais les stades profonds d’endormissement, leur sommeil est peu réparateur. Elles sont donc fatiguées et ont tendance à s’endormir durant la journée. «Ces effets ne doivent pas être minimisés, relève le Dr Heinzer. Cela augmente les risques d’endormissement au volant et l’on est moins performant dans les tâches quotidiennes.»

… «Ces problèmes induisent une augmentation de la stimulation cardiaque, explique encore le pneumologue vaudois. Le cœur doit faire de gros efforts pour compenser le manque d’oxygène, ce qui le fatigue. Les personnes qui souffrent d’apnées ont ainsi trois fois plus de risques d’avoir des problèmes de cœur ou d’attaques cérébrales que les autres. Et les risques d’hypertension augmentent aussi.» (Le Matin)